Laure Baillard-Favard

L’une et L’autre

Enfance : Nyons, lieu de vie pour l’une,
de vacances pour l’autre,
leurs meilleures amies sont sœurs,
mais elles ne se rencontreront pas.

Études : Lyon, école d’art pour l’une et l’autre,
elles se croiseront peut-être…

Lyon et Chambéry : chacune son lieu de travail
dans l’architecture d’intérieur,
l’une ira dans la boutique de l’autre qui sera absente ce jour-là…
Puis, ce sera un retour
à Nyons
pour l’une et l’autre.

Et un jour,
le frère de l’une
épousera l’autre.

Aujourd’hui, « Pinceaux et sac à dos », elles parcourent les sentiers de notre belle Provence.
Sous leurs traits, elles offrent aux lecteurs les parfums de garrigue, les villages perchés et
leurs belles rencontres.

Thierry LAIGLE

Instituteur à Paris, j’ai souhaité terminer ma carrière en Provence, terre natale de mon épouse. Je me suis installé en 2011 à Lauris, petit village face au Luberon et j’ai enseigné mes trois dernières années à l’école élémentaire de Rognes.

Passionné d’histoire et de randonnée, c’est par le biais de la généalogie de mon épouse, dont les ascendants maternels, d’origine vaudoise, ont vécu près de trois siècles à Sivergues, au cœur du Luberon, que je me suis intéressé à cette histoire originale de repeuplement du massif par une émigration religieuse provenant des vallées vaudoises du Piémont au cours des XVe et XVIe siècle. J’ai poursuivi mes recherches au sein de l’Association d’Études vaudoises et historiques du Luberon, où j’ai assumé diverses fonctions, dont la coordination de la revue Valmasque, dont le n° 110 a pris la forme d’un livre sur l’histoire de Lourmarin.

Je participe actuellement à l’animation d’une nouvelle association lourmarinoise, « Lourmarin, Culture et Patrimoine », au sein de laquelle j’apporte mes connaissances du passé vaudois du Luberon en assurant des visites commentées et des conférences.

Paul Pommier

« Paul Pommier, né en 1888, n’avait qu’une instruction dite primaire. Mais celle qu’il reçut à l’école communale, sous la direction de M. Benoît Bayle, l’instituteur vénéré de Suze à la fin du xixe siècle, dans les débuts de l’école laïque de Jules Ferry, fut ­suffisante pour lui donner un niveau de connaissances que beaucoup pourraient envier aujourd’hui ; son goût d’apprendre fit le reste : il fut un autodidacte cultivé, voire lettré, et, en particulier, il écrivait dans un style admirable.

Je ne sais pas comment se manifesta son talent de poète : ce fut assez tôt, vers dix-huit ans, qu’il commença de l’exercer, semble-t-il. Il était paysan et il paraît que, parfois, au milieu de ses travaux, même s’agissant de labours, il s’arrêtait, attelage compris, pour noter une idée, un mot, une rime, un vers, et repartait content, sous le regard ahuri et sans doute apitoyé de ses compagnons. »

(Extrait de la préface de Georges Pommier.)

Ludovic Deblois

Photo de l'auteur Ludovic Deblois, souriant.

Le chemin de Ludovic Deblois est riche de diversité. Il est d’abord un être de la terre, ayant vécu une enfance picarde, au cours de laquelle il passe ses vacances à exercer différents métiers, en qualité d’apprenti sur des chaînes de production ou dans des exploitations agricoles. Depuis toujours, il aime découvrir des univers variés, de ses mains, au contact avec les autres.

Il est aussi un globe-trotter. Son diplôme d’ingénieur en poche, il explore le monde et sillonne à pied plusieurs continents. La plupart du temps, il entreprend ses voyages avec des livres qui forgent son goût pour l’écriture, et ses périples ont influencé considérablement sa trajectoire professionnelle.

À 28 ans, rattrapé par son engagement pour la cause environnementale, il quitte son premier employeur et rejoint CLS, créée par IFREMER et le CNES, impliquée dans la préservation des ressources marines, et se voit confier la charge de ses activités en Afrique et au Moyen-Orient. Au contact des ministères d’une multitude de pays et d’organisations internationales, il tire de cette expérience une meilleure connaissance des enjeux de développement et des relations avec les pays du Sud et, surtout, une envie de se mobiliser davantage. En 2008, avec un ami, il fonde Sunpartner Technologies dans le but d’étendre l’usage de l’énergie solaire. Sa société développe un portefeuille de brevets internationaux, sur la base de vitrages photovoltaïques, qui intéresse rapidement des leaders mondiaux et lui demande de lever des capitaux auprès d’acteurs industriels et financiers. Le travail de ses équipes, récompensé à plusieurs reprises, notamment par le World Economic Forum (parmi les 36 « Technology Pioneers » – 2014), ouvre un large champ d’applications. Tout au long de cette aventure, il contribue aussi à la création d’un écosystème industriel français et à la médiatisation de l’urgence climatique au travers de conférences et de tribunes. En 2019, son entreprise rencontre des difficultés et elle est confiée à Garmin, un groupe américain, qui déploie la technologie dans ses montres solaires.

Après avoir finalisé la transmission de Sunpartner Technologies, il décide de se lancer dans l’écriture, un projet qu’il n’a jamais oublié. En 2020, il termine son premier roman, Les licornes aussi renaissent de leurs cendres… dans lequel il décrit la dureté des pouvoirs économiques et politiques côtoyés de près au cours de ses années d’entrepreneuriat. Un an plus tard, dans un essai intitulé Autonomie(s), il nous invite à réfléchir à la notion d’autonomie collective comme fil conducteur d’une société plus juste et plus écologique. En 2022, les Éditions des Offray publient son nouveau roman, une fiction qui nous projette au milieu du XXI e siècle et nous interroge sur la portée de nos choix présents au travers d’une intrigue haletante et bouleversante.

L’autonomie comme réponse à la transition et à la quête de sens

Ludovic Deblois anime des conférences qui abordent différents thèmes : la transition écologique, l’autonomie, l’innovation ou encore la quête de sens et l’éco-anxiété.

Dans un monde incertain, qui peut faire peur, Ludovic Deblois relie à la quête de sens à la question de l’autonomie, à fois un fil conducteur et un socle. Il questionne l’individu, sa connaissance de ses propres besoins, la façon dont il construit ses relations et ses rêves. Il interroge aussi notre façon de penser l’économie, la démocratie. Il propose une vision qui repose sur cinq éléments : la connaissance, l’adaptation, la réparation/régénération, la construction/l’innovation et la production d’idées nouvelles. Il explore aussi les fondations nécessaires pour créer un collectif solide pour sortir des postures attentistes et bâtir le monde sur la base d’un élan collectif, respectueux de chacun.

Face aux défis majeurs que sont la pénurie des ressources, les risques climatiques, la dégradation de la biodiversité ou les épidémies, il nous revient d’interroger notre capacité d’autonomie, c’est-à-dire notre aptitude à connaître nos liens vitaux de dépendances et à maîtriser nos contraintes. En mettant systématiquement l’humain et la planète au cœur de l’économie.

Pour se mouvoir dans un monde incertain, l’autonomie de nos organisations, plus conscientes de leur fragilité ou de leurs forces, devient indispensable alors qu’elles se meuvent bien souvent selon les seuls courants du marché ou des idéologies dominantes. De nouveaux indicateurs, des modèles économiques différents, une gestion financière écologique et des innovations devront être intégrées dans la stratégie de nos entreprises, de nos États et de nos villes pour se frayer un chemin serein dans cet avenir incertain.

D’exploitants de la nature, nous allons devenir des réparateurs, des générateurs de biodiversité. Mais au-delà de ces évolutions systémiques, nous pouvons profiter des défis contemporains pour mener des projets enthousiasmants dans lesquels la question de l’autonomie s’inviterait à tous les niveaux.

Notre résilience et la quête de sens, facteurs clés de rebond, passent notamment par notre agilité à nous remettre en cause et à imaginer de nouvelles voies. En ce sens, les organisations trop verticalisées montrent leurs faiblesses, trop rigides et souvent trop opaques. Alors qu’elles représentent la généralité aujourd’hui, elles peuvent devenir une exception demain, un mode dégradé et consenti pour faire face à une urgence, par exemple. Si elle veut survivre, l’entreprise du XXI e siècle imaginera des structures plus transversales basées sur l’autonomie des individus. C’est en misant sur l’intelligence de ses équipes qu’elle arrivera à relever ses défis. Si elle veut survivre, la démocratie du XXI e siècle inventera de nouvelles pratiques plus participatives, plus citoyennes, plus indépendantes.

Et cette transition s’imposera à tous. Les nouvelles générations, ainsi qu’une majeure partie de la population, l’exigent. Alors comment construire cette plus grande autonomie pour qu’elle s’inscrive dans un projet collectif fortement fédérateur ?

Dominique Tissot

Dominique Tissot est l’auteur

Dominique Tissot est l’auteur de livres de poésie : Oiseaux – Sables (L’Amandier, 2012), Citta (revues numériques Terre à Ciel et Remue.net, 2013), Ajouter au jour (Le Soupirail, 2019).
Il a également contribué aux revues de poésie Friches (2004), Décharge (n° 124, 2004), Petite (n° 18-19, 2005), Rehauts (n° 19, 2007), N4728 (n° 12, 2007 et n° 15, 2009), Écrits du Nord (n° 29-30, 2016), Triages (n° 29, 2017).
Son écriture multiplie les angles morts, procède par faux pas, bribes, sonorités, syncopes. Il tente de saisir la trace, l’infime, le brin d’herbe, le souffle de l’être aimé, les êtres rejetés dans l’ombre, d’entrer dans « l’intimité du monde », selon l’expression de Philippe Lacoue-Labarthe.
Parallèlement à sa démarche poétique, il a engagé depuis quelques années des recherches historiques sur la région où il vit. Il contribue aux Carnets du Ventoux, a publié des articles dans la revue Études comtadines, ainsi que les ouvrages suivants : Histoire d’un village du Comtat Venaissin : La Roque-Alric (2015), Histoire d’un village provençal : Suzette (Esprit des lieux, 2018), Itinéraires d’VGo, tailleur de pierre roman, en Provence ( Offray, 2022). Loin du repli sur un passé imaginaire, l’histoire devient pour lui un chemin de complexité, de questionnement et d’ouverture.

Raphael Luiz DE ARAúJO

Étudiant de doctorat au département de lettres modernes de l’Université de São Paulo sous la direction de Claudia Pino, et boursier de la ­Fondation d’appui à la recherche de l’État de São Paulo.

Membre du groupe éditorial de la revue Criação & Crítica de l’Université de São Paulo, traducteur des œuvres de Pierre Lemaître, d’Antoine de Saint-Exupéry et d’Albert Camus vers le portugais brésilien. L’auteur a également publié quelques articles sur Camus au Brésil concernant surtout l’intertextualité de son œuvre, et a contribué à l’organisation de l’exposition « Na terra da desmedida : a visita de Albert Camus ao Brasil » (« Dans la terre de la démesure : la visite d’Albert Camus au Brésil »).

Guy Basset

Après des études universitaires de philosophie à Paris X Nanterre, Guy Basset s’est d’abord orienté vers le monde industriel avant de revenir à l’enseignement. Parallèlement à sa carrière dans le domaine des ressources humaines, il a publié, comme chercheur indépendant, de nombreux articles sur la vie intellectuelle, universitaire et artistique à Alger entre 1880 et 1970.

Il s’est tout particulièrement intéressé à l’œuvre d’Albert Camus, publiant de nombreux articles et contribuant régulièrement à la revue Présence d’Albert Camus, revue de la Société des études camusiennes dont il est administrateur dès la création. Il est l’auteur d’un Camus chez Charlot (Pézenas, Domens, 2015) et il a coordonné la publication des actes d’un colloque sur Camus, la philosophie et le christianisme (Paris, Cerf, 2012). Il est intervenu à plusieurs reprises dans les Journées internationales Albert Camus, à Lourmarin.

Il a rédigé de nombreuses notices dans le dictionnaireL’Algérie et la France, Jeannine Verdès-Leroux dir. (Paris, Robert Laffont, 2009), et dans le Dictionnaire Albert Camus, Jeanyves Guérin dir. (Paris, Robert Laffont, 2009). Intervenant en France et à l’étranger, il est docteur ­ès-lettres de Paris 3 Sorbonne nouvelle depuis 2016.

Publications récentes :

- « Camus au pays du xviie siècle français »Revue d’histoire littéraire de la France, 2013, no 4, p. 807-814 ;

- « Bien faire son métier », in Ève Morisi (dir.), Camus et l’éthique, Paris, Garnier, coll. Rencontres, no 95, 2014, p. 131-142 ;

- « Camus en Méditerranée orientale », actes du colloque d’Amman, Jordanie, 28 mars 2013, Amman, Librairie Alameyra, 2014, p. 187-201 ;

- Camus et les peintres d’Algérie : une longue amitié (1930-1960), en collaboration avec Florence Khammari et Odile Teste, exposition à Lyon du 11 au 24 janvier 2014, Lyon, Association Coup de Soleil Rhônes-Alpes, 2014 ;

- « Les collections des différentes éditions Charlot », « Les imprimeurs des éditions Charlot », in François Bogliolo, Jean-Charles Domens, Marie-Cécile Vène et al., Edmond Charlot, catalogue raisonné d’un éditeur méditerranéen, Pézenas, Domens, 2015 ;

- « La terre algérienne d’Edmond Charlot », Le Lien, association Les Amis de Max Marchand, Mouloud Feraoun et leurs compagnons, no 66, 2015 ;

- « La faculté des lettres d’Alger chez Charlot : étudiants et enseignants », Présence d’Albert Camus no 8, 2016, p. 109-122 ;

- « Aperçus sur la correspondance Berbrugger-Urbain », in Michel Levallois et Philippe Régnier (dir.), Les Saint-Simoniens dans l’Algérie du xixe siècle, Paris, Riveneuve, 2016, p. 91-101 ;

- « La place des proverbes dans l’œuvre scientifique de René Basset », in Marie-Sol Ortola (dir.), La Sagesse en base de données, Alientono 10, Nancy, PUN, 2018, p. 501-518 ;

- « Fleurs de sourire dans la proximité de Camus », Le Sourire d’Albert Camus, actes du colloque d’Aix-en-Provence, 8-11 novembre 2017, David Walker (dir.), Columbia (SC), CSIP, 2018, p. 117-126.

Carole RUEL

« Je vis dans un désordre alphabétique. Les mots se bousculent pour chercher à me plaire. Parfois une idée jaillit presque par hasard. Mais la phrase s’étiole par manque de conviction. Il lui faut de l’oxygène, et sûrement plus de lumière. Le noir trace son chemin tout en minuscule. Il comble l’espace et renvoie subrepticement à la ligne. Encore un peu, sans s’arrêter, il pourrait même s’accrocher à la plume. »

Voilà que mon univers rejoint celui de Stéphane, mon poète de la lumière qui rend l’écriture possible. Il est ma voie dans le silence des mots en partance.

Nous nous sommes croisés presque par hasard et je l’ai suivi comme une évidence. Les images et les textes se sont promis l’un à l’autre ; chaque ouvrage est une part de nous, entre complicité et tendresse.

Stéphane Ruel

Photographe professionnel domicilié dans le Vaucluse, Stéphane Ruel aime donner à voir autrement. Son travail sur la nature poétise le genre. Ses portraits et histoires d’hommes invitent à la rencontre et au partage.

Parce que la photographie reflète les âmes, et qu’on ne voit bien qu’avec le cœur, il faut savoir porter le regard au-delà de la technique, être réceptif au monde qui nous entoure.

C’est cela l’avis du photographe, la vie comme elle devrait se vivre !

« Parce que je ne savais rien faire d’autre, j’ai d’abord été musicien. Par la suite j’ai intégré une école de graphisme à Marseille, dans le Sud de la France, où j’ai obtenu un prix d’excellence en 2007. La photographie est arrivée plus tard même si la passion de l’image a toujours été là. Je travaille en numérique depuis toujours mais je suis d’un naturel curieux et j’évolue en permanence. La nature est mon espace de jeux privilégié et, comme j’ai gardé mes yeux d’enfant, mon univers est plutôt poétique. Mon ambition première est de faire ressentir des émotions. »

Chaque cliché est un coup de cœur, un hymne à la joie, une ode à la vie !

L. Cigalier

Un jour, j’ai rencontré, dans un grand parc botanique, un homme d’une certaine importance qui se promenait avec sa fille d’une dizaine d’années. Le père, en éducateur comme il faut, ne cessait d’interroger sa fille sur les noms des plantes et des arbres.

Je les croisai au moment où celle-ci commençait à en avoir plein la tête, lorsque j’entendis le père demander, de sa voix puissante : « Comment s’appelle cet arbre-là ? » tout en pointant un arbre au milieu du parc. L’arbre en question n’avait à mes yeux rien de remarquable, sinon qu’il était rempli de cigales qui chantaient à tue-tête. La fillette leva les yeux au ciel et répondit avec un grand soupir : « Un cigalier ! »

Le père se fâcha, et gronda : « Quelle réponse stupide, concentre-toi ! »

Mais l’enfant n’avait pas tort : l’arbre, tant il était rempli de cigales, pouvait bien être un cigalier.

Je me rendis compte à cet instant que, ainsi, un simple arbuste, un pin parasol, un chêne vert ou n’importe quel arbre peut devenir un cigalier et se mettre à chanter.

Depuis cette rencontre, le cigalier est devenu pour moi un objet, un instant, une situation, un c(h)œur, une personne, en fait, n’importe quoi qui CHANTE, et j’ai adopté ce nom pour signer mes compositions.