Jacques GALAS

Il y a bien quelques décennies, Jacques Galas aimait dire qu’il était né en 1941 dans un chou de la plaine maraîchère d’Avignon et qu’il avait été élevé, à partir de 1945, sous un cerisier du Ventoux. Trente ou quarante ans plus tard, il persiste et signe en précisant qu’à côté du cerisier, il y avait « son grand père du Ventoux » qui aura de l’importance dans la suite des événements.

Lycée Jean-Henri Fabre à Carpentras, puis deux ans et demi de pionnicat — peu d’études, mais il apprend à vivre et c’est bien aussi important —, puis une suite de cet apprentissage de la vie avec dix-huit mois de service militaire. À la sortie de l’armée, mariage avec Annie (qui l’a supporté jusqu’à ce jour) dans l’espoir « de faire un enfant ». Un fils viendra en 1966 (un second en 1972), mais Jacques s’est remis aux études dès l’été 1965. Il passe un concours en septembre pour entrer à l’une des trois écoles de l’Insee de l’époque (celle du milieu) et est nommé à sa sortie responsable du service départemental de statistique agricole à la DDA de Vaucluse (automne 1967). Ces services se créaient dans toute la France sous la pression de la CEE.

Il va aimer passionnément ce métier de statisticien des champs, car, si on le souhaite, on peut y avoir les pieds dans la glaise et la tête dans les étoiles. Fuyant toute promotion à l’échelon national, il finira responsable du service régional de statistique agricole de la région Languedoc-Roussillon. Il aime dire que l’ENSAE (l’école de l’Insee) lui a probablement enseigné l’art de la statistique, mais elle ne lui a jamais appris à animer, à coordonner et à convaincre tout un groupe. C’est sur les stades et dans les associations (parfois syndicales) qu’il s’est formé à cette tâche dans laquelle, à la fin de sa vie, il est fier de quelques réussites mais n’oublie pas ses deux ou trois échecs.

Tout au long de sa carrière, outre les recensements et les enquêtes par sondage demandés par sa centrale et par l’Europe, il n’aura de cesse de tenter de répondre aux besoins du terrain, l’agriculture méditerranéenne étant assez souvent maltraitée dans les questionnaires nationaux et européens. Il lancera donc, avec l’appui de ses collègues de bureau, des enquêtes sur des sujets très particuliers, par exemple : les serres et le raisin de table dans le Vaucluse, les caves particulières, les industries agroalimentaires et les prix de vente des vins selon les circuits de commercialisation choisis par le vigneron, dans le Languedoc. Une cinquantaine de publications témoignent de ces activités.

Sa vie privée est marquée par plus de vingt ans de foot dans sa jeunesse (notamment comme éducateur des jeunes) et vingt ans d’animation et de coordination des Carnets du Ventoux (avec une interruption de cinq ans dans les responsabilités, due à sa nomination à Montpellier) qu’il a créés grâce à l’aide efficace d’une équipe de copains. Il aimait alors se définir comme étant un militant associatif mais, l’octantaine arrivant, il va abandonner ces activités et se replier sur l’écriture qui, selon lui, est un besoin et un médicament gratuit. De nombreux livres seront publiés ayant pour sujet le Ventoux (deux publications chez Édisud, une chez Alain Barthélemy), la viticulture gallo-romaine, l’histoire de l’agriculture vauclusienne (plusieurs ouvrages chez Alain Barthélemy), l’histoire de son village (Malaucène, au pied du Ventoux, deux parutions chez Esprit des lieux) pour en terminer avec cette somme (deux ans de travail au moins) intitulée La Révolution française à Malaucène, sous-titrée Des sans-culottes au pied du Ventoux aux éditions des Offray. Le terme de sans-culottes a été choisi par les Malaucéniens de l’époque et pas par le rédacteur.

À l’heure actuelle, il privilégie l’envoi gracieux de fichiers pdf par internet — à cent, deux cents, voire plus, correspondants — à l’édition papier. Un exemple : les trouvailles de l’association Au fil du Groseau concernant le Moyen Âge à Malaucène. La fin d’écriture est prévue pour juillet 2020.

Si on l’interroge sur la suite, il répondra qu’il aimerait bien continuer à prendre le plus longtemps possible du plaisir à regarder vivre son épouse, ses deux enfants et ses quatre petits-enfants. Il ajoutera qu’il souhaiterait mourir dans la dignité et choisir le jour de sa mort. Mais en sera-t-il capable ?

Liste de ses ouvrages :

En patache autour du Ventoux, avec Jacky Allemand, Jean-Paul Bonnefoy, Annie Galas, Vincent Ramos. Alain Barthélemy, 1983

Les Carnets du Ventoux. Revue semestrielle puis trimestrielle. Responsable en alternance avec Jean-Paul Bonnefoy et Claude Lapeyre. Alain Barthélemy, 1986

Eaux et fontaines des pays du Ventoux, photographies d’Alain Christof. Édisud, 1992

Histoire de Vaucluse, tome II, avec Jean-Pierre Locci, René Grosso, Sylvestre Clap. Alain Barthélemy, 1993

Les Pays du Ventoux, photographies d’Alain Christof. Édisud, 1996

De la pomme d’amour à la tomate, recettes de Michel Philibert. Alain Barthélemy 1998

Vignes et vins dans la Méditerranée gallo-romaine. Annexe de Jan Vandereyd sur les techniques modernes de vinification. Alain Barthélemy, 2003

Ventoux, le mythe au quotidien ou Lo chocalat de lèbre. Alain Barthélemy, 2006

Malaucène village du Ventoux, tome I, avec Jacky Allemand, René Chauvin, Xavier Masingue, Paul Peyre, Reinhard Rosenau. Au fil du Groseau, 2007

Participations aux encyclopédies Le Mont Ventoux (Guy Barruol, Nerte Dautier et Bernard Mondon dir.)

et Le Luberon (Marc Dumas ; dir.). Les Alpes de Lumière, 2007 et 2013

Le Bridge-club vaisonnais a 30 ans, avec Michel Jacod. 2009

Touristes autour du Ventoux (dir.). CBE Pays du Ventoux Comtat Venaissin, 2010

Les quatre saisons du Ventoux ou flâner gourmand avec Philippe et Jacques Galas. Esprit des lieux, 2012

Malaucène village du Ventoux, tome II, avec René Chauvin, Olivier Peyre, Reinhard Rosenau. Au fil du Groseau, 2012

Participation à Les Comtadins pendant la guerre de 1914-18 au front et à l’arrière. Études comtadines 2014

Papeteries de Malaucène ; une fermeture avec préméditation ?. Esprit des lieux, 2017

Malaucène, t. I, Les Malaucéniens de 1800 à 1850 ; t. II, Du Second Empire à la Troisième République. Esprit des lieux, 2018

Malaucène, le manuscrit Rémusat (1328-1333), avec Jean Galian et Marc Legros. Offray, 2018

Barbara ZAULI

Doctorante en philosophie auprès de l’université Paris 8-Vincennes-Saint-Denis et préparant une thèse intitulée La Vie comme œuvre ; Nietzsche, Camus et l’esthétique de l’existence, Barbara Zauli travaille sur l’écriture et la pensée philosophique d’Albert Camus en relation avec la pensée philosophique de Nietzsche. Son travail de recherche continue depuis la licence en philosophie, obtenue à l’université de Bologne grâce à une étude comparée sur Friedrich Nietzsche et Albert Camus : « Sisyphe heureux et la danse de Zarathoustra », explorant en particulier l’écriture de l’absurde et de l’éternel retour chez les deux penseurs.

C’est son intérêt pour la pensée de Camus, la passion incandescente pour son écriture qui lui font décider la même année de venir à Paris, la ville d’adoption de l’écrivain avec lequel elle sentait une nécessité de partage. À Paris, elle continue ses recherches dans la même lignée que les travaux précédents et elle obtient un master en philosophie avec une étude intitulée « La pensée vécue ; Albert Camus et sa dette envers Nietzsche » où elle commence à explorer la question de la philosophie comme manière de vivre. C’est dans cette direction que portent ses recherches actuelles, dans lesquelles la question de l’écriture comme travail sur soi recouvre une place centrale.

Agnès SPIQUEL

Professeur émérite à l’université de Valenciennes, Agnès Spiquel a participé à l’édition des Œuvres complètes de Camus dans la collection « La Pléiade » (2006-2008) et au Dictionnaire Albert Camus dirigé par ­Jeanyves Guérin (2009). Elle a collaboré à l’ouvrage Camus citoyen du monde (Paris, Gallimard, 2013) ; elle a publié la Correspondance Albert Camus-Louis Guilloux (Gallimard, 2013) et le récit de Charles Poncet, Camus et l’impossible Trêve civile (Paris, Gallimard, 2015) ; elle a coorganisé quatre colloques camusiens : Beauvais (1992), Amiens (2005), Angers (2010) et Cerisy (2013), et en a publié les actes — ainsi que de nombreux articles sur Camus. Elle préside depuis 2004 la Société des études camusiennes (trois cent cinquante adhérents dans vingt-quatre pays sur les cinq continents).

Anne-Kathrin REIF

Anne-Kathrin Reif, née à Mülheim/Ruhr (Allemagne), étudie la philosophie et l’histoire de l’art à l’université Wuppertal, et défend sa thèse sur Camus en 1999. Dans sa dissertation intitulée Die Welt bietet nicht Wahrheiten, sondern Liebesmöglichkeiten. Zur Bedeutung der Liebe im Werk von Albert Camus, elle explore la signification de l’amour dans l’œuvre de Camus et découvre la trace qui mène au projet de son troisième cycle, celui de l’amour. Pour le centenaire, en 2013, elle publie le blog www.365tage-camus.de, qu’elle entretient toujours. Son livre Albert Camus — Vom Absurden zur Liebe (« Albert Camus — De l’absurde à l’amour ») est publié la même année. Après ses études de journalisme, Anne-Kathrin Reif travaille à la rédaction des informations culturelles d’un journal régional. Aujourd’hui, elle travaille pour la Fondation Pina Bausch à Wuppertal.

Samantha NOVELLO

Samantha Novello enseigne la philosophie et l’histoire à Turin. M.Phil in Political Thought and Intellectual History à l’université de Cambridge (UK), docteur en sciences politiques et sociales (Florence, 2005) et en études politiques (Turin, 2012), elle a rédigé une première thèse sur la pensée politique de Camus et de Hannah Arendt, puis une seconde sur Camus et les intellectuels italiens. Elle a collaboré à la nouvelle édition des Œuvres complètes de Camus dans la collection « La Pléiade » et elle est l’auteur d’Albert Camus as Political Thinker (Palgrave Macmillan, 2010). <https://eui.academia.edu/SamanthaNovello>.

Virginie LUPO

Docteur ès lettres, Virginie Lupo est spécialiste du théâtre de Camus. Elle enseigne la littérature à Lyon depuis 2002 et, diplômée en master 2 de cinéma, elle est également formatrice en cinéma. Membre actif de la Société des études camusiennes depuis 2002, elle participe à de nombreux colloques. Elle a déjà participé aux Journées internationales Albert Camus, à Lourmarin.

Membre de l’Association Coup de soleil en Rhône-Alpes, elle y est responsable des diverses manifestations organisées autour de Camus.

Outre ses articles, elle est l’autrice de :

Le Théâtre d’Albert Camus : un théâtre classique ?, Lille, Septentrion, 2002 ;

Si loin si proche : La quête du père dans Le Premier Homme, Aniche, Sipayat, 2017.

Virginie Lupo travaille également pour deux maisons d’édition — Magnard et Ellipses — en tant qu’autrice ou que relectrice.

Elle a enfin une activité d’écriture de fiction avec un premier recueil de nouvelles terminé, intitulé Errances… et un roman en cours d’écriture.