Ludovic Deblois

Photo de l'auteur Ludovic Deblois, souriant.

Le chemin de Ludovic Deblois est riche de diversité. Il est d’abord un être de la terre, ayant vécu une enfance picarde, au cours de laquelle il passe ses vacances à exercer différents métiers, en qualité d’apprenti sur des chaînes de production ou dans des exploitations agricoles. Depuis toujours, il aime découvrir des univers variés, de ses mains, au contact avec les autres.

Il est aussi un globe-trotter. Son diplôme d’ingénieur en poche, il explore le monde et sillonne à pied plusieurs continents. La plupart du temps, il entreprend ses voyages avec des livres qui forgent son goût pour l’écriture, et ses périples ont influencé considérablement sa trajectoire professionnelle.

À 28 ans, rattrapé par son engagement pour la cause environnementale, il quitte son premier employeur et rejoint CLS, créée par IFREMER et le CNES, impliquée dans la préservation des ressources marines, et se voit confier la charge de ses activités en Afrique et au Moyen-Orient. Au contact des ministères d’une multitude de pays et d’organisations internationales, il tire de cette expérience une meilleure connaissance des enjeux de développement et des relations avec les pays du Sud et, surtout, une envie de se mobiliser davantage. En 2008, avec un ami, il fonde Sunpartner Technologies dans le but d’étendre l’usage de l’énergie solaire. Sa société développe un portefeuille de brevets internationaux, sur la base de vitrages photovoltaïques, qui intéresse rapidement des leaders mondiaux et lui demande de lever des capitaux auprès d’acteurs industriels et financiers. Le travail de ses équipes, récompensé à plusieurs reprises, notamment par le World Economic Forum (parmi les 36 « Technology Pioneers » – 2014), ouvre un large champ d’applications. Tout au long de cette aventure, il contribue aussi à la création d’un écosystème industriel français et à la médiatisation de l’urgence climatique au travers de conférences et de tribunes. En 2019, son entreprise rencontre des difficultés et elle est confiée à Garmin, un groupe américain, qui déploie la technologie dans ses montres solaires.

Après avoir finalisé la transmission de Sunpartner Technologies, il décide de se lancer dans l’écriture, un projet qu’il n’a jamais oublié. En 2020, il termine son premier roman, Les licornes aussi renaissent de leurs cendres… dans lequel il décrit la dureté des pouvoirs économiques et politiques côtoyés de près au cours de ses années d’entrepreneuriat. Un an plus tard, dans un essai intitulé Autonomie(s), il nous invite à réfléchir à la notion d’autonomie collective comme fil conducteur d’une société plus juste et plus écologique. En 2022, les Éditions des Offray publient son nouveau roman, une fiction qui nous projette au milieu du XXI e siècle et nous interroge sur la portée de nos choix présents au travers d’une intrigue haletante et bouleversante.

L’autonomie comme réponse à la transition et à la quête de sens

Ludovic Deblois anime des conférences qui abordent différents thèmes : la transition écologique, l’autonomie, l’innovation ou encore la quête de sens et l’éco-anxiété.

Dans un monde incertain, qui peut faire peur, Ludovic Deblois relie à la quête de sens à la question de l’autonomie, à fois un fil conducteur et un socle. Il questionne l’individu, sa connaissance de ses propres besoins, la façon dont il construit ses relations et ses rêves. Il interroge aussi notre façon de penser l’économie, la démocratie. Il propose une vision qui repose sur cinq éléments : la connaissance, l’adaptation, la réparation/régénération, la construction/l’innovation et la production d’idées nouvelles. Il explore aussi les fondations nécessaires pour créer un collectif solide pour sortir des postures attentistes et bâtir le monde sur la base d’un élan collectif, respectueux de chacun.

Face aux défis majeurs que sont la pénurie des ressources, les risques climatiques, la dégradation de la biodiversité ou les épidémies, il nous revient d’interroger notre capacité d’autonomie, c’est-à-dire notre aptitude à connaître nos liens vitaux de dépendances et à maîtriser nos contraintes. En mettant systématiquement l’humain et la planète au cœur de l’économie.

Pour se mouvoir dans un monde incertain, l’autonomie de nos organisations, plus conscientes de leur fragilité ou de leurs forces, devient indispensable alors qu’elles se meuvent bien souvent selon les seuls courants du marché ou des idéologies dominantes. De nouveaux indicateurs, des modèles économiques différents, une gestion financière écologique et des innovations devront être intégrées dans la stratégie de nos entreprises, de nos États et de nos villes pour se frayer un chemin serein dans cet avenir incertain.

D’exploitants de la nature, nous allons devenir des réparateurs, des générateurs de biodiversité. Mais au-delà de ces évolutions systémiques, nous pouvons profiter des défis contemporains pour mener des projets enthousiasmants dans lesquels la question de l’autonomie s’inviterait à tous les niveaux.

Notre résilience et la quête de sens, facteurs clés de rebond, passent notamment par notre agilité à nous remettre en cause et à imaginer de nouvelles voies. En ce sens, les organisations trop verticalisées montrent leurs faiblesses, trop rigides et souvent trop opaques. Alors qu’elles représentent la généralité aujourd’hui, elles peuvent devenir une exception demain, un mode dégradé et consenti pour faire face à une urgence, par exemple. Si elle veut survivre, l’entreprise du XXI e siècle imaginera des structures plus transversales basées sur l’autonomie des individus. C’est en misant sur l’intelligence de ses équipes qu’elle arrivera à relever ses défis. Si elle veut survivre, la démocratie du XXI e siècle inventera de nouvelles pratiques plus participatives, plus citoyennes, plus indépendantes.

Et cette transition s’imposera à tous. Les nouvelles générations, ainsi qu’une majeure partie de la population, l’exigent. Alors comment construire cette plus grande autonomie pour qu’elle s’inscrive dans un projet collectif fortement fédérateur ?